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Guillaume Marret

Directeur Associé

La Fin des Start-ups ? Réalité et perspectives pour le marché

Temps de lecture : 3 minutes

Des difficultés financières et peu de nouveaux acteurs

Loin de réaliser une percée que certains prédisaient il y a quelques années, la part de marché des néo-assureurs reste marginale. De plus, les exemples de néo assureurs Luko et Alan incitent également à la prudence.

Le 15 juin, Luko annonçait son rachat par l’assureur britannique Admiral Group, présent en France à travers la marque L’Olivier Assurance. Ce rachat faisait suite à l’incapacité de Luko d’honorer ses futures échéances. Le néo assureur qui affichait plus de 450 000 assurés a fait les frais du refroidissement des investisseurs en private equity et raté sa dernière levée de fonds où il souhaitait lever 100 M€.

Autre exemple, Alan qui annonce une hausse des primes de 80% pour atteindre 146,6 M€ en 2022. Mais le néo-assureur qui continue d’afficher des pertes importantes (72,4 M€ en 2022), notamment en raison de ses investissements informatiques et de sa masse salariale, a du revoir ses ambitions et réduire ses effectifs.

Outre atlantique, Lemonade a publié des résultats 2022 décevants avec un déficit de près de 300 M$ pour un chiffre d’affaires de 128 M$. Autre indicateur significatif à l’échelle mondiale (étude CB insight d’octobre 2023) : de moins en moins de « licornes » émergent dans le domaine de la fintech (seulement 8 en 2023 contre 66 en 2022 et 126 en 2021). Cependant le domaine de l’assurance demeure dans le top 3 des levées de fonds en 2023 avec 1,1 milliards de $.

Des acteurs aux ambitions plus réalistes

Si l’heure n’est plus aux levées de fonds spectaculaire, quelques acteurs affichent des ambitions plus réalistes. Citons par exemple Seyna dont le business model s’appuie sur la distribution de ses produits (assurance annulation spectacles) par des courtiers. Ce néo-assureur qui avait obtenu un agrément IARD il y a 4 ans, fait preuve d’une croissance significative et maitrisée.

Bien d’autres assurtech semblent aussi prometteuses :

  • Atekka, une assurance agricole nouvelle génération. Cette insurtech propose un assemblage inédit dans le domaine de l’assurance récolte avec une offre fortement personnalisée, un mode de distribution original, des parcours clients simplifiés et la mise en place de contrats paramétriques ; 
  • Babysafe, dont l’offre constitue une véritable innovation assurantielle via deux produits :  une garantie déficience à la naissance et une garantie Procréation Médicalement Assistée ;
  • Finovox, spécialisé dans la détection de faux documents, qui innove doublement au travers d’une technologie de détection de fraude et de d’une plateforme métier d’augmentation des équipes des bancassurances ;
  • Weather Claim Control, assurtech qui assiste les gestionnaires dans l’application contractuelle des garanties climatiques et propose, en temps réel, la visualisation de la réalité d’un évènement climatique sur une zone.

Leur point commun ? Des modèles spécialistes (niches), dont le potentiel économique est plus rentable, qui comblent des besoins non satisfaits ou optimise les processus chez les acteurs déjà établis de l’assurance (pour les aider dans l’acquisition de clients, dans la gestion de la relation client, du traitement des sinistres ou encore dans la détection et le traitement de la fraude).

De nouvelles perspectives pour le marché de l’assurance

Par définition la startup a vocation à disparaître, soit en devenant une entreprise traditionnelle avec un modèle économique établi soit en se faisant absorber par une entreprise plus grande. Bien que certaines d’entre-elles rencontrent des difficultés et craignent de cesser leur activité par manque de trésorerie, il est prématuré de déclarer la fin du marché de l’assurtech en France.

Les exemples de Seyna et d’assurtech prometteuses (telles Atekka, Babysafe, etc.) montrent qu’il existe encore des opportunités d’innovation et de croissance dans le domaine. Si la nécessaire consolidation du marché est en cours, il est possible de voir émerger de nouvelles pépites avec une dynamique de croissance mieux maîtrisée et plus rentable, à condition qu’elles s’appuient sur des modèles d’affaires réalistes et durables. Les start-ups doivent s’adapter aux nouvelles réalités du secteur de l’Assurance mais n’est-ce pas là leur essence même et la clé du succès de toute organisation ?

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Sources :

  • https://www.economie.gouv.fr/cedef/facturation-electronique-entreprises
  • https://greenly.earth/
  • https://www.basware.com/fr/
  • https://www.economie.gouv.fr/entreprises/delai-conservation-documents#:~:text=Les%20livres%20et%20les%20registres,%C3%AAtre%20conserv%C3%A9s%20pendant%20dix%20ans.