Directeur Associé
Loin de réaliser une percée que certains prédisaient il y a quelques années, la part de marché des néo-assureurs reste marginale. De plus, les exemples de néo assureurs Luko et Alan incitent également à la prudence.
Le 15 juin, Luko annonçait son rachat par l’assureur britannique Admiral Group, présent en France à travers la marque L’Olivier Assurance. Ce rachat faisait suite à l’incapacité de Luko d’honorer ses futures échéances. Le néo assureur qui affichait plus de 450 000 assurés a fait les frais du refroidissement des investisseurs en private equity et raté sa dernière levée de fonds où il souhaitait lever 100 M€.
Autre exemple, Alan qui annonce une hausse des primes de 80% pour atteindre 146,6 M€ en 2022. Mais le néo-assureur qui continue d’afficher des pertes importantes (72,4 M€ en 2022), notamment en raison de ses investissements informatiques et de sa masse salariale, a du revoir ses ambitions et réduire ses effectifs.
Outre atlantique, Lemonade a publié des résultats 2022 décevants avec un déficit de près de 300 M$ pour un chiffre d’affaires de 128 M$. Autre indicateur significatif à l’échelle mondiale (étude CB insight d’octobre 2023) : de moins en moins de « licornes » émergent dans le domaine de la fintech (seulement 8 en 2023 contre 66 en 2022 et 126 en 2021). Cependant le domaine de l’assurance demeure dans le top 3 des levées de fonds en 2023 avec 1,1 milliards de $.
Si l’heure n’est plus aux levées de fonds spectaculaire, quelques acteurs affichent des ambitions plus réalistes. Citons par exemple Seyna dont le business model s’appuie sur la distribution de ses produits (assurance annulation spectacles) par des courtiers. Ce néo-assureur qui avait obtenu un agrément IARD il y a 4 ans, fait preuve d’une croissance significative et maitrisée.
Bien d’autres assurtech semblent aussi prometteuses :
Leur point commun ? Des modèles spécialistes (niches), dont le potentiel économique est plus rentable, qui comblent des besoins non satisfaits ou optimise les processus chez les acteurs déjà établis de l’assurance (pour les aider dans l’acquisition de clients, dans la gestion de la relation client, du traitement des sinistres ou encore dans la détection et le traitement de la fraude).
Par définition la startup a vocation à disparaître, soit en devenant une entreprise traditionnelle avec un modèle économique établi soit en se faisant absorber par une entreprise plus grande. Bien que certaines d’entre-elles rencontrent des difficultés et craignent de cesser leur activité par manque de trésorerie, il est prématuré de déclarer la fin du marché de l’assurtech en France.
Les exemples de Seyna et d’assurtech prometteuses (telles Atekka, Babysafe, etc.) montrent qu’il existe encore des opportunités d’innovation et de croissance dans le domaine. Si la nécessaire consolidation du marché est en cours, il est possible de voir émerger de nouvelles pépites avec une dynamique de croissance mieux maîtrisée et plus rentable, à condition qu’elles s’appuient sur des modèles d’affaires réalistes et durables. Les start-ups doivent s’adapter aux nouvelles réalités du secteur de l’Assurance mais n’est-ce pas là leur essence même et la clé du succès de toute organisation ?
Sources :